Le charisme continue 1877 – 1900

Le charisme continue 1877 – 1900

Après la mort de Mère Françoise, le 14 décembre 1876, la Congrégation en deuil poursuivit ses ministères sous la direction de la Supérieure générale, Fulgentia van Endert. Puis, un deuxième malheur la frappa: le décès de Sarah Peter à Cincinnati, peu de temps après celui de Mère Françoise.

Le Kulturkampf interdisait toujours l’accueil de nouveaux membres en Prusse. En 1877, pour la première fois, les voeux temporaires et perpétuels furent prononcés en dehors de l’Allemagne, à Andrimont, en Belgique. Entre-temps, en Allemagne, les postulantes de deuxième et même de troisième année voulaient une union plus étroite avec la Congrégation. En guise de compromis, les postulantes aînées étaient accueillies dans le Tiers-Ordre de saint François, recevaient un nom religieux et étaient autorisées à participer à des exercices communautaires. Elles recevaient une coiffe noire et étaient appelées les « novices au bonnet ». Huit d’entre elles furent envoyées en Amérique du Nord, où elles prirent l’habit.

En 1882, la Supérieure générale, Mère Vincentia Mulbach, demanda au gouvernement allemand l’autorisation de pouvoir enfin admettre librement de nouveaux membres. Pendant le Kulturkampf, 90 soeurs étaient décédées et plusieurs autres ne pouvaient plus travailler. Il n’y avait pas suffisamment de membres pour servir les pauvres et les malades durant les épidémies, la guerre ou d’autres situations d’urgence. La Congrégation fut autorisée à recevoir 120 nouveaux membres au cours de l’année suivante. Le 6 février 1883, pour la première fois depuis le Kulturkampf, 25 soeurs célébrèrent la profession de voeux perpétuels dans la Maison-Mère, à Aix-la-Chapelle.

À cette période, la Congrégation établit un bon nombre de nouveaux ministères en Allemagne, notamment: un foyer pour domestiques à Bonn, un service de soins à domicile pour les malades à Mayence, un hôpital et un orphelinat à Euskerchen, l’administration de la nouvellemaison des pauvres à Düsseldorf, un service de soins infirmiers à domicile et plus tard un hôpital à Bergisch/Gladbach, la direction de l’école d’économie domestique à Crefeld, une maison pour femmes âgées à Bonn, un nouvel hôpital à Retingen, et un grand hôpital à Siegburg.

Sœur Willeyka van Endert fut nommée Supérieure provinciale d’Amérique du Nord en 1882. Elle était préoccupée pour la promesse de la Congrégation de construire un hôpital à Cincinnati, bien que disposant des fonds nécessaires. En apprenant cela, l’archevêque William Henry Elder lui reprocha son manque de confiance. Soeur Vincentia Maubach, l’ancienne Vicaire, avait souvent déclaré qu’elle n’entamerait la construction que si Dieu lui envoyait 10.000 dollars. Ruben Springer, un grand bienfaiteur et associé, mourut en 1884, laissant 20.000 dollars qui furent utilisés pour construire l’hôpital St. Francis.

Parmi les autres nouvelles fondations nord-américaines figurent l’hôpital St. Elizabeth, à Dayton, Ohio, l’hôpital St. Margaret de Kansas City, Kansas, l’hôpital Saint-Joseph, à New York, 143e rue, et l’hôpital St. Antony, à Columbus, Ohio.

À Aix-la-Chapelle, en janvier 1884, furent admises 29 postulantes qui commencèrent une année complète de noviciat, accomplissant ainsi la volonté de l’archevêque Paul Melchers qui souhaitait que les novices passent une année entière dans la maison du noviciat. Cela ne fut pas possible en plein Kulturkampf, car ayant besoin de novices dans les autres maisons, les aînées ne recevaient qu’une préparation de trois mois à la profession des voeux temporaires.

En 1884, à Aix-la-Chapelle, la Congrégation reçut l’autorisation civile et ecclésiale d’acheter le bâtiment de l’exmonastère dominicain sur la Lindenplatz, communément connu sous le nom “Le Prédicateur”. En effet, le couvent de Kleinmarschierstrasse ne convenait plus à la Congrégation qui grandissait. En 1893, les soeurs malades furent transférées dans leur nouvelle maison, dans une aile du bâtiment dominicain qui venait d’être rénovée. À la Pentecôte, l’état d’avancement des travaux était suffisant pour que la Maison-Mère soit aussi installée dans le bâtiment dominicain. Le 14 septembre, la dépouille de Mère Françoise, jusque-là conservée dans une tombe au couvent de Kleinmarschierstrasse, fut de nouveau transférée, cette fois-ci dans le bâtiment dominicain. Le couvent de Kleinmarschierstrasse prit le nom de Sainte-Claire.

En 1893, Antonina Blickhans et Aquilina Kroeger, novices en Amérique du Nord, furent sélectionnées pour recevoir une formation religieuse à Aix-la-Chapelle. L’autorité ecclésiale commença à insister sur l’enseignement régulier de la doctrine chrétienne. Le révérend Bernard Nurre, OSF fut nommé pour donner à nos soeurs en Amérique des leçons hebdomadaires. En 1893, le révérend Ignatius Jeiler publia la biographie de Mère Françoise, dont un exemplaire fut envoyé à chaque maison en Amérique. La première traduction en anglais de la biographie fut faite par le révérend Bonaventure Hammer, OSF, en 1895.

En 1894, Sœur Desideria Wolff reçut la permission de Mère Willeyka de chercher une maison plus adaptée au noviciat à Cincinnati. Un terrain fut acheté à Hartwell en 1894; la première pierre fut posée en 1895; le cimetière fut consacré le 11 juillet 1896, et Sœur Columba Voss enterrée le même jour.

Le couvent St. Clare fut consacré le 29 octobre; les recluses commencèrent leur adoration le 5 novembre, et les autres soeurs y arrivèrent le 28 et 29 novembre, suivant un rituel avec procession et prières à travers chacune des chambres du couvent St. Clare, au milieu des larmes et des expressions de reconnaissance.

En Allemagne, à l’occasion de la fête de Saint Joseph en 1899, les quatre premières aspirantes furent reçues dans leurs nouveaux appartements, dans un ancien bâtiment scolaire d’Aix-la-Chapelle, et une soeur fut chargée de prendre soin d’elles. La maison St. Raphael fut destinée aux professes temporaires et inaugurée le 21 avril. Là, les novices étaient complètement séparées des professes. La maîtresse des novices les rejoignit et commença aussitôt leur instruction quotidienne en matière de catéchisme, voeux, constitutions et coutumes.

En 1901, 50ème anniversaire de l’installation de Mère Françoise et de ses premières soeurs, le nombre des membres s’élevait à 1 400, avec plus de 50 fondations. En 1900, les États- Unis d’Amérique comptaient 459 membres.