9 décembre 1938 – 29 juin 2016
Face à un diagnostic inattendu de cancer vers la fin de l’automne de 2015, Sœur Arleen semblait vouloir lutter pour chaque instant de vie. Elle fut assez courageuse pour entreprendre deux sessions complètes de traitements tout en restant constamment optimiste. Elle priait intensément et espérait obtenir un miracle des mains de notre fondatrice, la bienheureuse Françoise Schervier. Cependant, Dieu a gagné la bataille pour sa vie, ici sur terre et au paradis.
Mary Arleen Bourquin est née le 9 décembre 1938 et elle était le premier enfant d’Arlus et d’Emmajane (Schmitt) Bourquin. Avec ses deux frères cadets, Bill et Tom, elle a été élevée à Dayton, Ohio. Les membres de sa famille faisaient tous partie de la paroisse St. Anthony. En étant l’enfant aînée et la seule fille dans la famille, Arleen montra depuis son plus jeune âge un grand sens de l’autonomie. Souvent elle réussissait à arriver à de nouvelles idées et à des concepts originaux ou bien elle faisait des suggestions qui étaient uniques et créatives. Elle devait garder ces caractéristiques pendant toute sa vie. Tout de suite après son lycée, Arleen décida de poursuivre une carrière en tant qu’infirmière. Ses premières études en soins infirmiers ont été complétées en 1959 à la St. Vincent School of Nursing de Toledo, Ohio.
Après avoir travaillé quelques années comme infirmière au St. Elizabeth Medical Center de Dayton, Arleen commença à réfléchir sur un éventuel appel religieux. Elle fit son discernement pour entrer dans la Congrégation des Sœurs Franciscaines des Pauvres le 8 septembre 1962. Elle a souvent rappelé que sa formation initiale a été un vrai défi pour elle, étant donné qu’elle était une “vieille” candidate âgée de 24 ans. Après son appel, Arleen fit sa Profession Temporaire le 25 août 1965 et reçut le nom de Sœur Laura Marie. Quatre années plus tard, le 28 septembre 1969, Sœur Mary Arleen fit sa Profession Perpétuelle.
Sa période de formation a coïncidé avec celle où l’on vivait l’impact des décisions de Vatican II, un temps de renouveau de l’Église. Dans les premières années qui ont suivi le Concile, il y a eu beaucoup de changements concernant les laïcs, les femmes, l’œcuménisme et la vie religieuse. Le nouvel air frais du Concile toucha profondément Sœur Arleen. Elle développa une aptitude particulière en relation au Concile : elle devint une lectrice avide et théologiquement avisée qui fut toujours informée des événements courants tout au long de sa vie.
Après sa Profession Perpétuelle, Sœur Arleen eut l’occasion d’acquérir de l’expérience comme infirmière dans plusieurs structures hospitalières parrainées par la Congrégation à Dayton, à Columbus et à Kansas City.
En 1971, elle obtint une Licence en Sciences infirmières de l’University of Cincinnati. En voulant éventuellement enseigner les sciences infirmières, Sœur Arleen obtint également une Maîtrise en Sciences infirmières en 1973 de l’University of Michigan.
Elle accepta par la suite un poste d’enseignante à la faculté des Sciences infirmières du Raymond Walters College de Cincinnati où elle a transmis ses connaissances en soins infirmiers aux nouvelles cohortes de futures infirmières pour à peu près neuf années.
Sœur Arleen a eu l’exceptionnelle occasion de passer une année dans la Zone Italie de la Congrégation. Elle a toujours gardé beaucoup de souvenirs de cette période particulière et elle aimait les partager avec sa famille et ses amis.
Au milieu des années 1980, les intérêts ministériels de Sœur Arleen ont quelque peu changé en passant des sciences infirmières à la spiritualité. Elle obtint l’autorisation de poursuivre un autre programme de Maîtrise en Spiritualité chrétienne au Mundelein College de Chicago en 1986. Sœur Arleen a mis par la suite ses nouvelles connaissances au service du Friarhurst Retreat Center, de la Pinecroft Houseof Peace de Cincinnati et de la Passionists Retreat House de Jamaica Estates, New York. Dans les dernières années, elle a offert un cours de direction spirituelle par l’intermédiaire de l’University of Dayton auprès du Bergamo Center. Elle fut aussi recrutée par le Frère Tom Speier, ofm, pour donner un cours sur la Direction spirituelle franciscaine en Éthiopie et elle avait toujours beaucoup d’histoires à partager sur cette expérience internationale très particulière. Elle a servi en outre pour plusieurs années à la Secular Fraternity de Dayton en qualité de Directrice spirituelle.
Parmi les autres activités ministérielles dont s’est occupée Sœur Arleen il y a eu la rédaction des Annales de la Congrégation et des nécrologies de la Zone États-Unis, son ministère avec Femmes qui aident des Femmes (Women Helping Women), le travail de proximité pour les femmes abusées et sa charge de Tutrice ad hoc d’enfants vulnérables pour la région de Dayton que lui avait été conférée par l’autorité judiciaire.
En plus de ces différentes responsabilités, pour de nombreuses années Sœur Arleen a été très engagée dans plusieurs activités ministérielles relatives à sa communauté de la paroisse de Saint-François-d’Assise de Centerville, Ohio. Parmi ces ministères il y avait : la catéchèse des jeunes, la réinstallation et l’intégration des réfugiés, la chorale et la recherche de nouvelles façons d’expression liturgique. Elle a toujours parlé avec joie de la célébration de son 50ème Jubilé dans la paroisse en 2012.
Sœur Arleen avait beaucoup de dons qui témoignaient d’un talent artistique, dont la couture, le dessin, l’art du perlage et de celui de composer des mandalas. Elle chérissait la compagnie des animaux. Elle aimait l’interprétation des rêves, la lecture et les conversations sur des sujets qui intéressent les femmes.
Sœur Arleen, tu as coloré le monde avec ta présence et tes dons. Tu as, à ta façon, ajouté ta touche pour rendre plus vives et plus belles les vies des autres tout au long du chemin. Que notre bon et gracieux Dieu, pour qui tu as librement donné ta vie, puisse maintenant te récompenser au plus haut degré pour toute l’éternité. Va avec Dieu et sois en paix.
Sœur Marilyn Trowbridge
Voici des témoignages de certaines de nos Sœurs qui se souviennent de Sœur Mary Arleen Bourquin avec une grande affection :
J’ai eu la joie de rencontrer Sœur Mary Arleen Bourquin en avril lors de mon séjour à Cincinnati.
Elle était très heureuse de me voir et elle m’a parlé de sa condition de santé, elle était contente du fait que la chimiothérapie avait amélioré sa condition et que par conséquent il lui aurait été possible de participer à la fête organisée pour le Jubilé de Sœur Grace Miriam et de Sœur Marie Martin. Nous avons aussi pris quelques photos ensemble, et son sourire restera dans mon cœur à jamais.
Sœur Paola Zaccaria, sfp
Au mois d’août de 2011, Sœur M. Arleen m’a écrit une lettre qu’elle avait fait traduire en italien par Sœur Marie Clement. Dans cette lettre, elle disait qu’elle avait aimé le cours d’iconographie que nous avions commencé au Sénégal et elle me parla de l’expérience spirituelle qu’elle avait vécue grâce à l’art et à la beauté.
Quelques mois plus tard, elle m’envoya au Sénégal, par l’entremise de Sœur Tiziana Merletti, un merveilleux livre sur les mandalas et une boîte de crayons de couleur.
Ainsi, nous avons commencé une correspondance qui m’a fait découvrir sa profonde sensibilité et sa grande générosité.
Dans la courte période que j’ai passée à Pinecroft durant l’automne de 2012, Sœur M. Arleen m’a emmenée à Dayton pour visiter sa paroisse et d’autres lieux importants pour l’histoire de notre Congrégation. Elle m’a aussi donné une leçon de Zentangle, ce qui fut pour moi une vraie découverte ! C’était un jour très particulier, et j’ai senti l’amour et les soins de cette Sœur.
Je me souviens de Sœur M. Arleen comme d’une femme d’une grande profondeur spirituelle qui était amoureuse de la beauté et capable de sourire à la vie.
Sœur Marvi, sfp